L’Association des Ulémas Musulmans Algériens
0Association des Musulmans Algériens, également appelée Association des Réformistes Algériens, Association Française Des Uléma Musulmans Algériens, ou Association Des Uléma Réformistes Algériens, Jamiyyat Arabe al-ʿUlamāʾ al-Jazāʾiriyyīn, un corps d’érudits religieux musulmans (ʿulamā), sous la domination française, a plaidé pour la restauration d’une nation algérienne enracinée dans les traditions islamique et arabe.
En effet, l’association des ulémas musulmans algériens souhaitait doter la société musulmane algérienne d’une identité et d’une tradition ancrées dans la communauté islamique (oummah) et distinctes de celles de son colonisateur français. Cheikh Abd al Hamid Ben Badis a condamné l’adoption de la culture européenne par les musulmans algériens et a émis une fatwa (avis juridique) formelle à son encontre en 1938. Au milieu des années 1930, l’association s’est jointe à d’autres organisations, notamment l’Étoile Nord-Africaine (Étoile Nord-Africaine), dirigée par Ahmed Messali Hadj, pour s’opposer collectivement aux français.
L’association, fondée en 1931 et officiellement organisée le 5 mai 1935 par le cheikh Abd al Hamid Ben Badis, a été fortement influencée par l’opinion du juriste et réformateur musulman Muhammad Abduh (1849-1905). Il a adopté sa conviction que l’Islam était essentiellement une foi flexible, capable de s’adapter au monde moderne si elle était libérée de ses ajouts vulgaires et non islamiques. Les oulémas algériens ont ainsi mené de vastes campagnes contre la superstition et le maraboutisme qui étaient devenus courants parmi le public (voir marabout). Ils ont également mis en pratique la conviction d’Abduh en l’efficacité de l’éducation moderne en tentant de réformer le système d’éducation désuet. Plus de 200 écoles ont été ouvertes, la plus grande à Constantine avec environ 300 étudiants, et la possibilité d’une université musulmane a été introduite mais jamais réalisée. Les oulémas algériens ont souligné l’importance de l’étude de l’arabe, langue des musulmans algériens, et se sont battus pour l’instruction obligatoire dans les écoles élémentaires et secondaires algériennes. Les canaux de communication de l’organisation comprenaient Al-Shihāb («Le Météore») et Al-Baṣāʾir («Clairvoyance»), un hebdomadaire religieux, tous deux publiés en arabe.
L’association a rencontré l’opposition de deux sources. Les musulmans algériens francisés, appelés évolués – arabes de tradition et français de formation – ont insisté sur le fait que l’Islam et la France n’étaient pas incompatibles. Ils ont rejeté l’idée d’une nation algérienne et ont déclaré que l’Algérie était identifiée depuis des générations en fonction de ses relations économiques et culturelles avec la France.
Divers cercles musulmans ont également rejeté l’association des ulémas musulmans algériens. Les dirigeants des confréries musulmanes Ṣūfī (mystiques) et des marabouts sont directement menacés par la volonté puriste de l’association, tandis que les fonctionnaires islamiques – imams (responsables de prières dans les mosquées), qadis (juges religieux) et muftis (avocats religieux) – ont été touchés par leurs réformes éducatives et leur sentiment anti-français.
La réponse populaire aux programmes de l’association a néanmoins été considérable. Pour contrer l’influence croissante des ulémas algériens, le gouvernement français a publié la circulaire Michel, qui interdit aux membres de l’association de prêcher dans les mosquées. L’association n’a toutefois pas limité ses activités, même après l’arrestation de Ben Badis en 1938. Cheikh Muhammad al-Bashir al-Ibrāhīmī a succédé à Ben Badis lors de sa mort en 1940. Au cours de la guerre d’indépendance algérienne contre la France (1954-1962) ), l’association alignée sur le Front de Libération Nationale (1956), et Tawfīq al-Madanī, secrétaire général des oulémas algériens, siégeaient au gouvernement provisoire de la République Algérienne après l’indépendance (1962).
Après l’indépendance, l’association a conservé une influence notable sur les politiques (principalement en matière d’éducation et de culture) et au sein du gouvernement, en particulier sous la direction du colonel Houari Boumédiène.
Par Laura Etheredge,