Le 64ème anniversaire de la mort de Larbi Ben M’hidi
0Le 64ème anniversaire de la mort de Larbi Ben M’hidi aura une signification bien particulière cette année. La mémoire de ce monument de la révolution de libération nationale, ressuscitée durant les marches du Hirak, fait désormais figure d’emblème que les générations de l’indépendance portent aujourd’hui en signe de reconnaissance, mais aussi d’appartenance à la ligne tracée par le Chahid.
Dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, son assassinat déguisé en suicide est annoncé par l’armée française. 64 ans plus tard, sa disparition coïncide miraculeusement comme un signe prémonitoire avec la reconnaissance officielle par la France de la responsabilité directe de l’armée coloniale de la mort de l’avocat algérien et militant de la cause nationale, Ali Boumendjel, torturé et assassiné lui aussi en 1957. « Au cœur de la Bataille d’Alger, Ali Boumendjel fut arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957 », lit-on dans le communiqué de l’Elysée rendu public mardi.
Le document signé par le Président français affirme que ce gage d’apaisement « n’est pas un acte isolé », et assure : « aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant l’occupation de l’Algérie ne peut être excusé ni occulté ». L’optimisme est donc permis de voir enfin la France franchir un autre pas vers la réconciliation, en assumant officiellement l’exécution de Larbi Ben Mhidi comme elle vient de le faire pour Ali Boumendjel.
Sa sœur Drifa Ben M’hidi, qui avait déjà adressé auparavant une lettre à Emmanuel Macron l’exhortant à « continuer sur le chemin de la vérité » et reconnaitre officiellement l’assassinat de Larbi Ben M’hidi comme un crime d’Etat. « Parce que nous partageons le même espace géographique et que nos intérêts convergent souvent, un examen de nos consciences s’impose », avait-elle souligné. Il est à rappeler qu’en 2007, c’est-à-dire cinquante après les faits, le général Aussaresses de triste mémoire avait déclaré au journal Le Monde que Larbi Ben M’hidi a été exécuté par pendaison.
Proche de Krim Belkacem et de Abane Ramdane, avec qui, il partageait la même vision à propos de la configuration qu’aura l’Etat algérien après l’indépendance, l’un des principaux architectes de la révolution algérienne fut torturé, avant d’être exécuté sans procès ni jugement. Son cas est similaire à celui de l’avocat Ali Boumendjel ou du mathématicien Maurice Audin et de tant d’autres. L’officier qui avait procédé à son arrestation disait de lui : « Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’Hidi.
Ben M’Hidi était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction ». La reconnaissance de son assassinat comme un crime d’Etat contribuera grandement à l’apaisement des mémoires. Dans le communiqué publié par l’Elysée, le président français promet que « le travail sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois, afin que nous puissions avancer vers l’apaisement et la réconciliation ».
Mohamed Mebarki