Le bâtonnier d’Alger met en grade les avocats sur les tenues « provocantes »
0Le bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Selini, s’est illustré encore une fois par une note à destination des avocats fixant leur code vestimentaire. Dans cette directive, datant de ce dimanche 21 juin, le bâtonnier ordonne aux avocats de s’habiller de façon « respectable » et « décente », en respectant les mœurs et en évitant le « tabaroudj », un terme destiné aux femmes non voilées.
Abdelmadjid Selini affirme, dans cette note, que bon nombre d’avocats et d’avocates s’habillent de façon irrespectueuse et incorrecte. Il dit constater que ces derniers portent des jeans, des baskets, des sandales et des tenues qu’il a qualifiées de « provocantes » et d’« impudiques ».
Le bâtonnier souligne que ces tenues, contraires, selon lui, aux bonnes mœurs, sont strictement interdites dans les tribunaux ainsi que dans les institutions pénitentiaires. Abdelmadjid Selini menace tout contrevenant à cette directive de sanctions, conformément aux statuts de l’organisation et au règlement intérieur du bâtonnat. Il cite, notamment, l’article 9 de la loi fondamentale ainsi que l’article 55 du règlement intérieur.
Le bâtonnier d’Alger franchit ainsi un nouveau cap en s’immisçant dans les habitudes vestimentaires des avocats, en leur imposant une vision rétrograde de la tenue dite « convenable ». Il utilise, dans cette nouvelle directive, un vocable propre au courant islamiste, tel que « Moutabaridja », qui désigne une « femme qui ne porte pas de voile », ou encore habits « impudiques » et tenue « incorrecte ». Des concepts vagues qui dépendent des visions des uns et des autres.
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le bâtonnier porte atteinte aux libertés individuelles des avocats. Il avait, par le passé, interdit aux robes noires de participer aux émissions de télévision dans une consigne qui avait fait couler beaucoup d’encre.
Par Pica Ouazi