Les diplômés du CAPA dans le désarroi
0Suspension des stages d’avocat depuis 2015 : Les diplômés du CAPA dans le désarroi.
Après plusieurs années d’études, des centaines de détenteurs du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) à l’échelle nationale sont livrés au chômage. Et pour cause, les stages devant être suivis par les concernés, avant d’accomplir la prestation de serment et devenir avocats, sont suspendus depuis 2015 par une simple note de l’Union générale des barreaux d’Algérie (UNBA). Aujourd’hui, ils sont plus de 4000 détenteurs de CAPA à en pâtir.
Après Sétif, Alger, Blida, des dizaines de «Capistes» ont observé un rassemblement avant-hier devant la cour de justice de Boumerdès «pour dénoncer la note de l’UNBA et réclamer l’ouverture des stages dans le but d’en finir avec le statut de chômeur et exercer le métier auquel nous sommes destinés». Brandissant une banderole et des pancartes, certains protestataires sont venus des wilayas de Batna, Chlef, Saïda, Biskra, Oran, Sidi Bel Abbès, Tizi Ouzou… dans le but de se faire entendre.
«La note de l’UNBA ne se base sur aucun texte juridique. Elle est contraire à la loi 13-07 du 29 octobre 2013 portant sur l’organisation de la profession d’avocat, notamment son article 36 qui prévoit des stages de deux ans pour les détenteurs du CAPA pour qu’ils puissent devenir avocats», explique Hanifi Maâmar (43 ans). Venu de Chlef, ce père de trois enfants a obtenu son CAPA en 2014, mais il vit de petits boulots, faute d’un emploi stable. Selon lui, «la décision de l’UMBA ne peut en aucun cas annuler la loi». «Cette note n’est pas limitée dans le temps et ne nous concerne pas, puisqu’elle ne peut pas être appliquée avec effet rétroactif. Elle conditionne l’ouverture des stages à la réalisation des écoles de formation d’avocats. Or nous, nous avons terminé nos études depuis plusieurs années. En plus, les écoles annoncées par les pouvoirs publics tardent toujours à être réalisées. Si on suit leur logique, on n’a aucune chance de devenir avocat», se désole-t-il.
Un autre contestataire accuse l’UNBA «d’abus d’autorité, qui constitue un délit réprimé par la loi, selon l’article 24 de la Constitution». Et d’ajouter que «seul le bâtonnat est habilité à ouvrir des stages».
Contrairement à leur organisation, de nombreux avocats ont exprimé leur soutien aux protestataires. «Leur revendication est légale et légitime. Je me demande quel est l’objectif de former des gens, si on ne leur permet pas d’exercer la profession à laquelle ils sont destinés. Je ne trouve aucune raison légale de bloquer les stages aux détenteurs de CAPA», s’interroge Me Chenoune Nouara, qui a longuement discuté avec les manifestants. Bien qu’ils ne soient pas assez nombreux, ces derniers se disent décidés à revenir à la charge et à aller jusqu’au bout pour obtenir leur droit.
RAMDANE KEBBABI