Plus de 1 000 Juges Refusent de Superviser la Présidentielle
0Le mouvement de protestation contre Abdelaziz Bouteflika s’étend en Algérie, où plus d’un millier de juges ont menacé de ne pas encadrer la présidentielle s’il ne retire pas sa candidature. Des avocats ont également protesté devant les tribunaux.PUBLICITÉ
Un millier de magistrats algériens ont annoncé lundi 11 mars qu’ils refuseraient de superviser l’élection présidentielle du 18 avril en Algérie si le chef de l’État sortant Abdelaziz Bouteflika est candidat à un cinquième mandat. Depuis 2016, la loi électorale algérienne impose en effet la présence des magistrats dans l’encadrement des opérations électorales.
« C’est inédit dans l’histoire de la magistrature en Algérie, ça a été d’ailleurs souligné par certains militants des droits de l’Homme » explique sur France 24 Fayçal Métaoui, journaliste à TSA (Tout sur l’Algérie). De son côté, « le ministre de la Justice a appelé les magistrats à respecter leur devoir de réserve « , précise le journaliste.
Dans un discours retransmis par la télévision algérienne, le ministre Tayeb Louh a rappelé que les « magistrats sont tenus par le devoir de réserve et de neutralité ». « La justice doit rester loin des tensions politiques », ce n’est « pas négociable », a-t-il affirmé.
Sur les réseaux sociaux, ce mystérieux « Club des juges », qui dit rassembler 1 000 magistrats, a aussi appelé d’autres collègues à cesser le travail.
Mobilisation des avocats dans plusieurs tribunaux d’Algérie
Venant appuyer le mouvement de protestation, des avocats se sont mobilisés en nombre dans plusieurs tribunaux. Ils ont fait un sit-in devant les tribunaux « à Tizi Ouzou, à Oran, à Bejaïa, à Annaba, à Alger pour dire non au 5e mandat et appeler aussi les magistrats à les rejoindre » ajoute Fayçal Métaoui.
Dans plusieurs villes, ils ont été rejoints par des magistrats et des greffiers, malgré les mises en garde du ministre de la Justice. « C’est une première dans l’histoire de la Justice algérienne (…) Des magistrats courageux ont cassé la barrière de la pseudo-obligation de réserve », a assuré à l’AFP Me Ali Moussaoui, secrétaire général du barreau de Béjaïa. Les greffiers ont également décrété le gel des activités judiciaires durant deux jours dans les juridictions de la grande ville de la région de Kabylie, a-t-il précisé.
Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, est rentré dimanche en Algérie après avoir passé deux semaines dans un hôpital de Genève. À la tête du pays depuis 1999, il ne s’est pas exprimé en public depuis un accident vasculaire cérébral en 2013. Ses adversaires doutent qu’il soit capable d’assurer sa charge et s’inquiètent que l’Algérie ne soit gouvernée en son nom et dans l’ombre par ses conseillers. Depuis le 22 février, les Algériens descendent massivement dans la rue pour demander au chef de l’État de renoncer à briguer un nouveau mandat.